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Tendances des marchés - Mai 2019

06/06/2019

 PÂTES

-30 $/tonne sur les fibres longues

-20 $/tonne sur les fibres courtes

 

Le mois de mai a ressemblé aux mois précédents, avec une tendance baissière qui s'est poursuivie, dans un marché où les stocks sont encore historiquement hauts.
« La demande reste très molle en Europe avec un marché impression-écriture très faible et un secteur du packaging moins fort qu'attendu », déplorent bon nombre d'acteurs de la filière.
« Elle a été néanmoins un peu plus soutenue en avril -mai qu'elle ne l'a été au premier trimestre - au cours duquel les résultats ont été catastrophiques en termes de livraisons et de stocks ». C'est dans ce contexte que les fibres longues ont subi une nouvelle baisse de -30 $/tonne, faisant s'établir la NBSK à 1040 $/tonne. Les fibres courtes ont connu une baisse une fois encore plus mesurée de -20 $/tonne, tout comme la C
TMP dont le prix s'est érodé de -10 à -20 $/tonne. Suzano, leader du marché de l'eucalyptus, continue de maintenir les prix, mais avec moins de succès que les mois précédents. Ce méga-acteur tiendra son rôle au second semestre puisque le secteur relaye que « Suzano prévoit un arrêt de production important d'1 à 1,5 million de tonnes de pâte d'eucalyptus entre juin et la fin d'année. » Ce qui devrait être sans conséquence sur les prix de juin, ainsi que le pronostique un de nos contacts : « En juin, les baisses de prix pourraient être identiques à mai, avec une demande sans doute plus molle avant le creux de l'été ».
Côté stocks, les statistiques du PPPC qui ont été mis à jour en mars ont révélé des niveaux encore plus élevés qu'initialement, avec notamment des stocks records pour les feuillus qui ont atteint les 70 jours en février et 69 jours en mars, pour s'établir à 67 jours en avril, soit 22 jours de plus qu'en avril 2018. Dans les résineux, ils se sont établis à 38 jours, contre 37 le mois dernier et 30 en avril 2018. Des chiffres que certains auraient espéré moins importants ainsi que nous le précisait un contact : « Ce printemps, les arrêts pour maintenance saisonniers - qui entraînent une baisse de production - n'ont eu aucun impact sur les stocks qui sont restés très élevés. » De source PPPC toujours, avec 3,93 millions de tonnes, les livraisons de pâtes d'avril 2019 ont été légèrement inférieures à celles d'avril 2018 (4,03 millions de tonnes), tout comme le taux d'activité de 82 % (contre 86 % l'année passée). Côté volumes, les données Europulp indiquent une fois encore des niveaux de stocks de pâte dans les ports européens très hauts par rapport à l'année précédente, avec 1 995 620 tonnes contre 1 062 850 tonnes en avril 2018, soit 87,8 % (932 770 tonnes) de plus. On peut noter toutefois une légère baisse de 0,7 % par rapport au mois précédent.

 

PAPIERS-CARTONS RECUPERES

-20 euros/t dans les qualités supérieures


Alors qu'un retour à la stabilité était espéré, le marché des PCR a connu quelques corrections en ce mois de mai « néanmoins plus tranquille que d'ordinaire ».
Dans un contexte de bonne demande et de collecte assez faible, les prix des sortes carton ont été reconduits, les acheteurs étant de nouveau vigilants sur les volumes. Suivant cette tendance, les prix des sortes krafts ont aussi été reconduits. A contrario, le désencrage - en bonne disponibilité - a oscillé entre stabilité et 5 euros/t de baisse, tout comm
e les qualités moyennes. Un acteur du secteur souligne que « les désencreurs européens ont les stocks pleins et que les opérateurs ou négociants peinent à placer leur matière. » Les qualités supérieures ont également subi des baisses supplémentaires, oscillant entre stabilité et - 8 euros/t du 3.01 au 3.12, et jusqu'à -20 euros/t du 3.14 au 3.18.01. Malgré une bonne demande de l'Allemagne sur les belles qualités, l'arrêt d'Arjowiggins Le Bourray laisse des tonnages sur le marché. A noter que le marché des PCR en Europe est aussi impacté par l'envoi de marchandises (brochures essentiellement) venant des Etats-Unis. L'optimisme reste néanmoins de mise pour certains : « Nous verrons sur juin mais la situation actuelle devrait nous permettre d'aborder l'été sereinement. » Un autre néanmoins de modérer : « Difficile d'anticiper la tendance de juin, mais les stocks d'été sont déjà faits, et les acheteurs sont prudents. »
Le marché en Espagne ne s'est pas non plus révélé stable en mai, et si une partie des qualités ont vu leurs prix reconduits, le prix du 1.10 s'est érodé de 10 euros/t et celui du 1.11 de 5 euros/t. Le blanc 1, comme en France, a baissé de 20 euros/t. Ainsi que le précise un acteur du secteur espagnol : « Ces mouvements de prix répondent à une réalité de marché de plus en plus homogénéisée dans le sud de l'Europe ».
Côté commerce extérieur, le grand export reste encore en deçà des attentes. La Chine persiste à être quasi-inexistante, et les volumes envoyés vers l'Asie-du-Sud-Est le sont à des prix qui ne cessent de baisser.
Les données douanières de mars 2019 indiquent qu'en termes de volumes, les exportations françaises de papiers récupérés vers la Chine ont baissé de 53 % entre mars 2018 (6 679 tonnes exportées) et mars 2019 (3 160 tonnes). Malgré les taux d'exportation croissants de la Malaisie, de la Thaïlande, du Vietnam et de l'Indonésie, les exportations françaises vers l'Asie auront finalement diminué de 3,5 % sur les trois premiers mois de 2019, par rapport à la même période de l'année passée. Des chiffres qui viennent confirmer l'objectif final de la Chine visant à parvenir à zéro importation en 2020. A noter que les exportations de PCR de la France vers le Royaume-Uni s'intensifient encore, avec 19 776 tonnes importées à mars 2019 contre 5 912 tonnes à mars 2018.

 

 

 

SORTES GRAPHIQUES

 

Le tribunal de Commerce de Nanterre a prononcé le 15 mai la liquidation judiciaire de Sequana, une douche froide supplémentaire pour le secteur.
Le marché des sortes graphiques a connu toutefois une relative stabilité de prix en mai. Mais la tendance haussière pour les papiers recyclés se confirme. Ce mouvement de fond est installé depuis avril et pourrait se poursuivre jusqu'à octobre selon les fournisseurs. Les hausses varient entre 20 et 50 euros/t minimum selon le niveau de blancheur, dans ce secteur en sous-capacités depuis la fermeture d'Arjowiggins. De nombreux acheteurs relayent d'ailleurs qu'il est devenu plus que difficile de se fournir en papiers recyclés en France, les fournisseurs actuels assurant les volumes de leurs clients dits « historiques », mais n'étant pas en capacité de pourvoir en totalité aux besoins des anciens clients du groupe sarthois. Certains font donc le choix de remplacer le papier recyclé par du certifié, issu de forêts gérées spécialement pour la production de papier. Dans l'attente de nouvelles capacités qui pourraient arriver d'Allemagne ou d'Autriche. En ce qui concerne les ramettes, les prix de celles à base de fibres vierges sont reconduits, tout comme ceux des ramettes en recyclé qui ont subi le mois dernier 30 euros/t de hausse. Un des acteurs de poids du secteur, l'autrichien Lenzing, a également commencé à communiquer sur des hausses de prix sur les ramettes en recyclé de l'ordre de 8 %, en Europe, applicables sur les livraisons dès le 1er juin 2019.
Côté papier pour enveloppes, les hausses, évoquées depuis janvier ne sont pas prêtes de passer, d'autant que débute une période saisonnière de demande plus faible.
Le marché français du couché sans bois et du non couché sans bois est resté assez faible depuis le début d'année. Les prix commencent à être impactés, d'autant que des lots de non couchés sans bois à prix spots sont présents depuis le mois dernier sur le marché, en raison d'un acteur cherchant à destocker. La plupart des fabricants résistent, indiquant ne pas pouvoir baisser leurs prix, du fait de leurs lourds coûts de production. Selon un agent du secteur : « Il n'y a pas de baisses annoncées sur le sans bois à ce jour mais des ajustements sur le second semestre sont probables. » Le bouffant et l'autocopiant voient également leurs prix reconduits en mai, tout comme le journal et le magazine, pour lesquels le marché n'a pas été très actif. Les négociations pour le second trimestre sont en cours et la stabilité devrait perdurer jusqu'à fin juin.

 

 

ETIQUETTES

 

Les prix des papiers pour étiquettes sont de nouveau reconduits.
Un vendeur précise que « la situation actuelle des prix permet une plus grande facilité de garantie tarifaire. Les délais sont plutôt longs actuellement et la demande ne baisse pas. » Un acheteur de conclure : « Le secteur a souffert en 2018 et les fournisseurs profitent de cette accalmie pour retrouver une stabilité financière.» Un statu quo qui devrait se prolonger sur la fin du semestre.

 

 

PPO/PACKAGING

-20 euros/tonne sur le kraftliner, le testliner et la cannelure recyclée

 

La tendance baissière se poursuit en mai dans les PPO.
Tout comme le mois dernier, le kraftliner, le testliner et la cannelure recyclée ont subi une nouvelle érosion de 20 euros/t, mais le white top kraft qui s'était érodé de 15 euros/t en moyenne, a retrouvé de la stabilité, de
même que le white top test et la cannelure mi-chimique. Face à ces baisses du premier semestre, des sources indiquent que Mondi a l'intention d'appliquer une hausse de 60 euros/t sur les cartons recyclés dès le 1er juin, ainsi que sur les kraftliner à partir du 1er juillet, arguant d'une
« réduction continue des niveaux de stock, associée à une demande croissante ». Une hausse qui apparaît prématurée pour certains, dans un marché où les prix ne se sont pas de nouveau stabilisés.
Les prix du kraft à sac ont une fois encore été reconduits en mai, et cette stabilité devrait se poursuivre sur la fin du semestre.
En Allemagne, la tendance a été la même qu'en France, et kraftliner, testliner et cannelure recyclée ont également baissé de -20 euros/t, tout comme au Royaume-Uni, où la cannelure mi-chimique a quant à elle retrouvé de la stabilité. En Espagne, tous les prix ont été reconduits en mai.
Côté capacités, la nouvelle machine à carton BM7 de Billerud Korsnäs à Gruvön est opérationnelle. Le groupe s'attend à une production de 240 000 tonnes pour l'année en cours. Ce volume devrait atteindre 390 000 tonnes l'année prochaine. Selon la compagnie, la machine atteindra sa pleine capacité, soit 550 000 tonnes par an, en 2023.
En Finlande, les négociations de codétermination concernant la fermeture de la machine à papier 6 à Imatra Mills de Stora Enso, se sont achevées le 15 avril dernier. À la suite de ces négociations, il a été décidé que la machine à papier 6 sera fermée d'ici la fin de l'année. Pour rappel, Imatra Mills est le premier fabricant mondial de carton pour l'emballage de liquides et de produits alimentaires, et produit également du carton graphique, des papiers de spécialité, et de la pâte chimico-mécanique par raffinage. Le site a une capacité annuelle de plus d'un million de tonnes de carton et de papier par an. Après la fermeture de la machine à papier 6, Imatra Mills disposera de quatre machines à carton et d'une machine à papier.
Au sud de l'Allemagne, Mondi prévoit d'investir 30 millions d'euros dans les installations de Ansbach, pour renforcer son portefeuille de cartons ondulés Heavy Duty - une gamme de produits destinés aux industries clés de l'économie allemande, avec des solutions d'emballage et de logistique durables. Ces investissements, qui devraient être achevés en 2020, concernent également l'installation d'une onduleuse. Ces travaux augmenteront considérablement la capacité de production annuelle de l'usine.
Plus proche de nous, le groupe familial des Cartonneries de Gondardennes a absorbé Lacaux (Haute-Vienne), et devient l'un des derniers indépendants dans le secteur du carton ondulé français. La production du groupe s'élèvera désormais à près de 400 millions de mètres carrés, destinés à la fabrication de caisses américaines, mais aussi à la PLV.

 

CARTON PLAT

 

Le marché du carton plat est resté stable en mai, et les prix ont été reconduits aussi bien dans les fibres vierges que dans les recyclées.
Un agent du secteur précise que « le mois de mai, comme d'habitude mais encore plus cette année, est un peu perturbé avec ces ponts rendant un peu plus difficile les livraisons et les prises de commandes, de nombreux clients étant fermés. » Le marché de l'étui pliant reste dynamique et les carnets de commande sont bons, même si le marché reste un peu plus faible que l'année dernière. Les négociations pour le deuxième semestre ont débuté. Ce secteur, comme d'autres, profite de la baisse du prix de la pâte. Le marché des krafts reste plus difficile en raison de capacités trop faibles. Selon un acheteur : « Les fournisseurs restent fermes sur leurs positions ». Côté approvisionnement, il faut compter jusqu'à 3 mois pour le kraft, environ 2 semaines sur les GD et 4 à 6 semaines pour les GC. En Espagne, les prix ont également été reconduits en avril.

 

SANITAIRE ET DOMESTIQUE

-10 à -15 euros/tonne sur les fibres vierges


Dans un marché atone et concurrentiel, les baisses se poursuivent dans le tissue.
Les prix des fibres vierges s'érodent d'environ 1,5 %, soit 10 à 15 euros/t de baisse en moyenne. Les fibres recyclées sont moins touchées une fois encore, et oscillent entre stabilité et 10 à 15 euros/t de baisse également.


Caroline Cauchois